Chapelle de la Recluse aujourd’hui disparue. Riom 63200

Publié le par Antonins

 

 

La-Reculse.jpgCette gravure de Legay (1745) présente une vue générale de Riom. La chapelle de la Recluse y figure en léger débord du faubourg de Clermont, aujourd’hui avenue de la Libération.
Credit : Centre France

 

Jusqu’à la fin du XVIII e siècle, on trouve dans les archives de la ville de Riom, de nombreuses références à une chapelle de la Recluse.

Des lépreux aux portes de la ville

La chapelle de la Recluse était installée à environ ¼ de lieue au sud-est de la ville, dans le faubourg de Clermont, au-delà du pont sur l'Ambène, près des marais. La route de Riom à Clermont était un lieu de passage qui permettait aux lépreux de faire l'aumône et d'obtenir des dons. La proximité de l'eau apaisait leurs plaies. De nos jours, l'emplacement de cette chapelle est marqué par une croix de lave, totalement écotée, à l'angle de la rue Amiral-Gourbeyre et de l'avenue de la Libération.

Un lieu de passage idéal pour
demander l'aumône

Elle était étroitement associée à un ensemble de bâtiments communément appelé léproserie ou maladrerie Saint-Lazare, puis infirmerie Saint-Lazare.

Il n'y a pas de certitude quant à la date de sa fondation. Marc de Vissac écrit que cette léproserie remonte au X e siècle alors que, pour l'abbé Bendant, elle serait contemporaine de celles de Cébazat, de Rochefort ou d'Herbet (XII e ou XIII e). Concernant la chapelle, selon L. Bernet-Rollande, l'évêque de Clermont (1170-1189) donna à l'abbaye Saint-Amable de Riom la chapelle des lépreux située dans le quartier de la Recluse.

Il est attesté qu'Alphonse, comte de Poitiers et d'Auvergne, frère de Saint-Louis, lègue à sa mort en août 1271, une rente de 10 livres à la léproserie de Riom. Celle-ci soigne successivement les ladres atteints de la lèpre puis, plus tard, les malades de la peste. À cette époque, le vocable "reclus" signifie "enfermé", isolé, que cet état soit voulu ou subi. Le reclus chargé de la prière collective vivait aussi de l'aumône. Le rituel de séparation des lépreux est très semblable à celui de l'enfermement solennel des reclus.

Dans un feuillet daté de 1597, il est noté que le reclus était le seul autorisé à porter l'eau bénite dans la ville. En 1599, les Cordeliers demandent cette chapelle à la Ville, les consuls refusent car cet endroit est, selon les statuts, réservé à un "hermite vieux". En 1604, frère Mathieu de Hautefaye, ermite, est autorisé à loger à la Recluse. Dans celle-ci, en l'honneur de Notre-Dame du Bon Secours, est établie une confrérie composée de femmes. De nos jours, il ne reste que très peu de traces des maisons de reclus si ce n'est dans la toponymie des lieux.

Quelques écrits permettent cependant de reconstituer les différentes autorités de cette léproserie Saint-Lazare qui, « faute de lépreux en icelle », fut transformée en infirmerie à partir de 1629.

On peut supposer qu'elle a été créée par des membres de l'ordre de Saint-Lazare. Pour le docteur Edmond Grasset, il est vraisemblable que cette maladrerie ait été confiée à l'ordre religieux hospitalier des Antonins. Ceux-ci soignaient les personnes atteintes du mal des Ardents (appelé aussi feu de Saint-Antoine). En 1574, l'ordre religieux des Minimes s'y installe. Ils changent le nom de la chapelle de la Recluse en chapelle de Notre-Dame du Bon Secours. Quatre ans plus tard, ils quittent Riom et s'installent à Beauregard-l'Evêque.

Une infirmerie
objet de convoitise

Au XVI e, il existe une certaine concurrence entre les communautés religieuses. De plus, les revenus de cette Infirmerie (160 livres) sont un objet de convoitise. En 1602, les Capucins demandent à s'installer dans la chapelle. Ils sont éconduits et créent leur monastère au champ d'Ojardias en 1608.

En 1628, la ville abandonne aux Pères de l'Oratoire "les fons dépendans de la léproserie et de l'Infirmerie", qui comprenaient à la fois la chapelle, les bâtiments, leurs dépendances, les prés et vignes ainsi que les rentes afférentes à ces biens. En 1631, la peste emporte quelque 3.500 riomois.

Au milieu de ce XVII e, les consuls refusent aux Récollets de s'installer à Riom. À cette époque, l'ordre religieux des Carmes Déchaussés, désireux de s'implanter à Riom dans le quartier de la Recluse, sollicite Madame de Senecey, dame d'honneur de la reine. Dans une délibération datée de 1643, ils demandent aux consuls « de leur laisser la maison et la chapelle de la Recluse… pour s'y installer ». En septembre 1643, le roi permet leur établissement à Riom. En avril 1654, ils finissent d'édifier un monastère (actuellement Centre Joseph-Gaidier).

En juillet 1660, le procès-verbal de la prise de possession de l'infirmerie par l'hôpital Général de la Charité (actuel hôpital Guy-Thomas), décrit le dénuement de la chapelle ainsi que l'état pitoyable des bâtiments et dépendances de l'infirmerie.

En 1675, la voûte et la grande muraille de l'infirmerie Saint-Lazare sont abattues. La chapelle de la Recluse, en fort mauvais état, sera démolie le 2 ventôse de l'An II de la République (27 février 1794). Le temps ayant fait son 'uvre, tous les bâtiments ont disparu.

La croix à écots, associée au souvenir de la Recluse, est actuellement la dernière trace visible de cette chapelle. De la léproserie Saint-Lazare, il ne reste qu'un bas-relief.

Ces deux éléments rappellent une époque où, face aux épidémies qui frappaient durement les populations démunies, la prise en charge par les différentes communautés religieuses était essentielle.

Source: http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/puy-de-dome/riom/2012/02/05/lassociation-sinteresse-a-la-chapelle-de-la-recluse-aujourdhui-disparue-170735.html

Publié dans Lieux Antonins

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A
<br /> Nous avons dans notre église un ex voto mais je ne connais pas les personages dont un membre des Antonins<br /> <br /> <br /> merci pour votre aide<br />
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